"Nous sommes Paris... Nous sommes la France..."

Aujourd'hui, vendredi 27 novembre, c'est la journée d'hommage national aux victimes des attentats de Paris.

Je suis de matinée "mission Noël". Je profite des 3h15 de liberté sans ma fille pour jouer les Pères Noël et remplir sa hotte pour Lylou.

Je suis plus ou moins attentivement l’émission d'RMC Info. Ils annoncent la retransmission de l'Hommage National à 10h.

Sur le chemin du retour, des noms s'élèvent de la radio...
Tant de noms...
Et des âges...
130...

Je n'entendrais pas tout mais un frisson glacé courre le long de mon dos.

30 ans, 28 ans, 32 ans, 36 ans, 22 ans...

Beaucoup d'entre eux ont mon âge, celui de mon mari, de mon frère, de mes amis...
Ils sont de ma génération...

Biensur, je le savais mais de les entendre ainsi, un par un, rend l'horreur encore plus concrète qu'elle ne l'était déjà pour moi.

Les "Et si..." resurgissent. Ces "si" qui m'ont glacés le sang il y 15 jours.
Et si mon frère avait eu les moyens d'allé à ce concert au Bataclan ?
Et si mon beau-frère vivait toujours à Paris où aurait-il été ?
Et si mon pote ne s'était pas bêtement rétamé le genou et la cheville à un mariage, aurait-il finalisé l'achat de sa place de concert pour les Eagles Of Death Metal ce vendredi 13 novembre ?
Et si mon ami de Paris était aussi allé à ce concert ? ou à un café de cette rue de Paris ? Et ses enfants et leur mère ? 
Et mon autre pote de Paris ? Et ma cousine éloignée avec qui j'ai passé tant d'été super ? Et son frère ? Ses parents ? Les autres cousins de mon père ?
Et si... ?

Nous, ce jour là, nous étions à Rennes chez nos amis, mes frères et soeurs de coeur, Erwan et Sandra.
Nous y sommes depuis la veille. Nos filles ont joués ensemble. Ma fille a fait sa glue, sa timide, sa pénible aussi. Aelys quoi...
Samedi matin, nous nous levons quand Maëlyne nous donne le top départ. Lylou est réveillée depuis longtemps mais patiente gentiment en imitant Dark Vador.
Les filles veulent la TV. Sandra l'allume.
France 2, des journalistes, des invités, un ton grave, un bandeau "Attentats à Paris", une édition spéciale ?
Sandra se fige télécommande à la main. Zépoux s'immobilise derrière elle. je stop mon geste de caresse sur la tête d'Aelys la main dans le vide.
Flottement... 
Nous ne comprenons rien. Qu'est ce qui se passe ?
Sandra zappe sur BFM TV. Des images de Paris illuminé par les gyrophares de la police, des pompiers, des secours... Des bandeaux défilent : attentats dans les rues de Paris, explosions devant le Stade de France, Prise d'otage au Bataclan...
Une date : vendredi 13... Hier soir...
Les filles s'installent devant la TV nous rappelant à notre réalité. Les images sont violents. Sandra passe sur les dessins animés.
Erwan nous rejoint. Nous le prévenons.
Tout en préparent le petit déjeuné, nous sommes sur nos portables, infos, internet, facebook, messages à tous les gens que nous connaissons susceptibles d'être à Paris ce soir là.
Tout le monde va bien, ils ne sont pas directement touché.... Ouf.

Puis viennent les questions : qui ? pourquoi ?

Terroristes, islamistes radicaux. Au nom de quel Dieu, de quel droit font-ils ça ?
Ces ennemis modernes entraînent mon pays vers la guerre...
La France entre en guerre, la pire qui soit... 
Celle que l'on ne voit pas.
Qui est chez nous, invisible.
Celle qui frappe quand elle veut, où elle veut...

Nos enfants n'échapperons pas à cette guerre.
Depuis 2001 déjà, elle existe, elle est là mais cette fois, elle frappe la France en son coeur.

Aelys est encore trop jeune mais viendra un jour le temps des questions, des pourquoi, des qui font ça.
Il nous faudra alors y répondre le mieux possible, sans attiser la haine mais en insufflant la tolérance. Il nous faudra lui expliquer l'Histoire, les religions, la folie humaines...
Un beau programme difficile à tenir mais c'est à la génération d'Aelys et aux suivantes qu'il revient de transformer notre avenir funeste et un avenir plein d'espoir, de tolérance et de fraternité.
Un bien lourd fardeau pour ces jeunes épaules mais il faut compter sur eux puisque ma génération qui se fait tuée est aussi celle qui tue...

Les événements de janvier m'ont effrayé. Ceux du 13 novembre me terrifie...

Dans quel monde vit-on ?
Que va t-il se passer demain ?
Que peut-il arrivé ? Où ? Comment ?

Certes, je vis à la campagne. Le grand ville la plus proche est Nantes à une soixantaine de kilomètres. J'y travaille, en plein coeur de la ville, 3 jours par semaine.
Suis-je épargnée pour autant ? Ca, nul le sait...
Mais je fais le choix de ne pas entrer dans la psychose, de vivre et d'être libre.
Libre de sortir, de bouger, d'aller à des concerts pourquoi pas, à des spectacles, des festivals.
Je vais au restaurant avec ma famille, au cinéma avec ma fille, Aelys ira à sa sortie scolaire.

Nous sommes encore chez nous et nous sommes libre.

Aujourd'hui, j'ai voulu "participer" à mon niveau à l'hommage national. Je n'ai pas de drapeau de la France (bizarrement j'en ai un de la Bretagne...) alors j'ai fait avec les moyens du bord.


27/11/2015

Commentaires

  1. 130 noms (non pas 138 comme tu as mis... faute de frappe... 8 de plus non, c'est déjà bien trop)... une litanie qui n'en finit pas et me prend aux tripes aussi... Je pense aux quelques 2700 victimes du 11 septembre 2001 dont on énumère les noms aussi chaque année... je trouve long et difficile 130, je n'ose imaginer ce que ressentent les américains à l'énumération des leurs...
    On vit bizarrement depuis ce jour... là sans y être... nos pensées et nos coeurs sont ailleurs... les "si" viennent dans la tête... et puis comme tu dis c'est votre génération, et pour moi c'est la génération de mes grands enfants, ça me touche encore plus quelque part... et Killian de même, la génération de ses frère et soeur, beau-frère, belle-soeur... ceux qu'il aime... Je n'arrive plus à me fixer sur quelque chose, finit la couture pour le moment... j'écoute les actualités en boucle, j'écoute la radio...
    Mon petit drapeau est bien triste sur ma voiture près du "je suis paris" mis déjà y'a une semaine... personne ici ne marque sa solidarité... la bretagne est loin... peut-être ils y pensent quand même... certains me disent qu'il faut arrêter de parler tout le temps de ça... et ça me choque... si, parlons en encore et encore, n'oublions pas, participons comme nous le pouvons à la souffrance des proches, des blessés, gardons le souvenir pour les disparus, et pour nos plus jeunes qui ont besoin de partager, de dire, d'essayer de comprendre s'il y a quelque chose à comprendre de cette violence gratuite.

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    1. Exact, erreur de frappe. C'est corrigé. 130 c'est bien assez...
      Je suis beaucoup sur RMC info depuis ce weekend là.
      Le Bataclan rouvrira ses portes fin 2016 et le groupe de métal y sera, un beau pied de nez à ces fous.

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